Le printemps ! Voilà bien l’une des saisons qu’elle aimait le plus et ceci était tout à fait compréhensible pour quelqu’un qui aimait les plantes et la nature en général. Toutefois il ne fallait pas se méprendre. Si bien sûr c’était une saison propice à l’éveil de certaines plantes, d’autres saisons proposaient des spectacles tout aussi fabuleux, à leur manière. Elle préférait cette période notamment parce qu’elle était riche en couleurs, mais surtout parce que sa couleur favorite était le vert, même si elle avait également un petit faible pour le rouge.

En revanche ce n’était pas toujours signe de beau temps,  car pour avoir grandi à Cimetronelle et ses pluies parfois incessante, cela ne se vérifiait que trop bien. Mais c’était comme ça, il fallait bien un peu d’eau et de soleil pour faire pousser toutes ces variétés qui avaient dû résister à la rudesse de l’hiver. Elle put néanmoins remarquer la différence de climat ici par rapport à Hoenn. Sa région d’origine était plus déchirée au niveau climatique, cela avait-il un lien avec les légendes qu’on racontait dessus ? Contrairement à  Sinnoh qui semblait déjà plus stable à ce niveau, même si le fait de se situer sur une petite île renforçait un peu les effets du vent.

Elle appréciait beaucoup l’extérieur il est vrai, cela la rendait plus calme. Son activité la conduisait également à être souvent dehors. Elle considérait aussi la serre comme étant une zone d’extérieur, du moment que la lumière du soleil passait partout et que la végétation s’épanouissait. Il était vrai également qu’elle n’était allée que peu de fois à l’intérieur du bâtiment. Souvent c’était assez tôt le matin et elle ne croisait pas beaucoup de monde vers 7h. Ensuite quand elle avait fait ce qu’elle devait faire dans l’établissement, elle passait sa journée soit dans le parc, soit dans la serre. Quand elle n’avait pas de cours à assurer, elle jardinait. Sinon elle observait les élèves jouer pendant la récréation, cela la divertissait et il lui arrivait aussi de discuter de temps en temps, avec des collègues surtout les jardiniers ou les surveillants, avec quelques élèves aussi, mais moins.

Elle n’avait cependant que peu côtoyé de professeurs jusque-là. La plupart était occupés à l’intérieur. Bien sûr elle lançait un petit bonjour quelque fois. Certains devaient peut-être la connaître comme « La prof là qui s’occupe de ses plantes, comment elle s’appelle déjà ? », ou discuter d’elle de temps en temps du genre « On ne la voit pas beaucoup c’est dommage », « Elle est timide ? ». Elle devait se montrer plus souvent peut-être. Il fallait qu’elle passe dans la salle des professeurs dans la matinée, un moment où elle n’avait pas cours. Maintenant ? Bon pourquoi pas, même si elle aurait aimé repousser à plus tard comme toujours, car elle était un peu anxieuse et elle n’avait jamais vraiment envie de se lancer...

Ce n’était pas la première fois qu’elle allait dans cette pièce, mais il n’y avait jamais plus de deux personnes. Si elle passait à ce moment ils seraient bien plus nombreux. La dernière fois qu’elle y était entrée, cela manquait un peu de… verdure, de fraicheur. Cette fois-ci elle allait prendre quelque chose avec elle. Dans la serre elle prit un pot de fleur. Dans ce pot se trouvait une plante assez particulière mais assez classique finalement. Deux troncs assez large et arrondi se trouvant côte à côtes qui donnaient des feuilles longues et raide qui s’épanouissaient vers le haut. L’un des troncs était moins haut que l’autre. Il s’agissait d’un fabuleux Yucca, une plante que l’on voyait souvent à l’intérieur et qui n’avait besoin que d’assez peu d’entretien au final. Elle accrocha un portique sur son Tropius, qu’elle sangla pour qu’il tienne bien. Elle déposa le pot à l’intérieur. Il pouvait être porté avec deux bras, mais ce n’était pas non plus très léger, surtout lorsqu’il atteignait 1 m 50. Celui-ci ne faisait pour l’instant qu’1 m, taille atteinte par le tronc le plus grand tandis que l’autre tournait autour de 50 cm.

Isabelle avança en compagnie de son assistant sur pattes vers le bâtiment, en passant bien sûr par le parc car il y avait une ouverture à cet endroit. Acacia dû s'arrêter à l'entrée car elle lui était interdite. Le pokémon au long cou était trop grand. Elle récupéra alors la plante dans ses bras, donna quelques consignes à son Tropius et entra. Le pokémon plante, comme convenu se positionna dans l’herbe à l’ombre d’un arbre et s’assit, pas loin sous la fenêtre que lui avait indiquée sa maîtresse plus tôt. Cette fenêtre c’était celle de la salle des professeurs et il y garda un œil pendant très longtemps, l’air calme.

Pendant ce temps, l’énergique demoiselle subissait la foule et les quelques marches qui la mènerait au premier étage. Pour porter ce pot, la prof aurait très bien pu emprunter l’ascenseur pour éviter de trop se fatiguer, mais l’idée de se retrouver confinée lui faisait déjà plus peur que de se fatiguer à monter les marches avec un tel poids.  C’était bien dommage qu’elle soit claustrophobe cela lui aurait facilité bien des choses.

Dans son activité il fallait qu’elle soit assez sportive. Pour transporter tous ces pots, de la simple plante à l’arbuste, il fallait avoir les bras et le dos solide, il n’était pas étonnant qu’à  la fin de journée elle se retrouvait quelque peu fatiguée et elle ne tardait jamais à s’endormir. Si elle n’aimait pas bouger autant elle aurait sûrement abandonné depuis longtemps. Elle n’était pas du genre à rester cloué devant un bureau, c’est certain.

Quand elle parvint à l’étage, elle commençait déjà à respirer un peu plus fort, mais elle se calma le long du couloir. Elle croisa deux ou trois personnes à qui elle souhaita bonjour en souriant. Soit on lui fit un hochement de tête soit on lui répondit en retour, mais toujours avec des regards intrigués par ce qu’elle transportait avec elle. Bin quoi ? Ils ont jamais vu une plante ? Ou peut-être n’avaient ils jamais vu encore une belle plante porter une autre belle plante ? Finit-elle par se rassurer en gloussant. On voyait qu’elle restait tout de même assez détendue, même si il lui tardait déjà de sortir de ces quatre murs, en témoignait déjà son réflexe qui consistait à regarder dehors à chaque fenêtre qu’elle croisait. C’était presque devenu un tic mais elle se sentait mieux ainsi.

Voila qu’enfin elle parvint devant la porte de la fameuse salle. Elle ne toqua pas, pour éviter de surprendre ceux qui étaient concentrés. Elle se contenta juste d’entrer discrètement. Des regards se tournèrent vers elle. Certains inquisiteurs, mais qui remirent bien vite leur nez sur leur pile de documents, d’autres agréablement surpris de la voir arriver avec un peu de couleur dans tout ce gris, comme d’autre particulièrement neutre. Isabelle se mit à sourire comme à son habitude.

« Bonjour ! Je viens juste apporter un peu de décoration.~~ »

Et de gaieté aussi un peu, se dit-elle. Fichtre ! Qu’est-ce qu’on pouvait étouffer ici ! Ou alors c’était juste une impression qu’elle avait ? En tout cas elle se crispa un peu plus avant de se diriger vers la fenêtre. Elle déposa la plante au sol bien exposée au soleil, elle en avait besoin. Puis elle ouvrit un peu la fenêtre. La pression retomba de nouveau. En bas elle vit son Tropius qui la regardait, il se mit à réagir à l’apparition de sa maîtresse en poussant un petit cri. Isabelle lui envoya un bisou avec sa main puis la secoua pour lui faire coucou. Acacia qui était à présent soulagé, se détendit un peu plus et posa tout son corps sur l’herbe.

La demoiselle laissa la fenêtre entre-ouverte et se pencha de nouveau vers la plante, lui chuchotant ainsi quelques mots tout en lui frottant quelques feuilles.

« Tu es un joli Yucca toi, j’espère que tu te sentiras bien ici. Je viendrais prendre soin de toi tous les jours ne t’en fais pas. J’espère que les gens ici seront sympa, de toute façon je le verrais bien si tes feuilles ne sont plus aussi vigoureuses. Ce sera peut-être dur au début, mais ne te sens pas trop découragé ! »

Quoi ? Vous n’avez jamais vu quelqu’un parler à une plante ?