Les vacances. L’occasion de profiter tout le contenu que proposait l’île d’Edenia sans se tracasser.

Léo était dans sa chambre en train de naviguer sur Internet, à la recherche d’un endroit où ils pouvaient passer leur journée. Lui et son équipe s’étaient pas mal entraînés ces derniers temps, il pouvait bien se prendre une journée pour partir en expédition. Il était déjà passé par plusieurs lieux qui lui étaient proposés. La fête foraine par exemple. Il n’avait pas encore pris le temps d’y aller, mais elle était bien moins attractive quand on savait la cruauté qui en hantait les sous-sols. Il passa ensuite sur le lac gelé, dans la montagne. Cette fois où il était à deux doigts de se noyer parce qu’on l’avait poussé dans l’eau. Décidément, cette petite rétrospective lui rappelait de bons souvenirs. Ensuite, la plage, évidemment. Il y était allé plusieurs fois, dont notamment une où il avait attrapé Nova, son Stari.
Le jeune dresseur sentit tout à coup une pression sur son dos, qui monta jusqu’à son épaule. Il tourna la tête et aperçut son petit Arcko qui semblait intrigué par cette plage.

« Mais on y était déjà allé récemment Nano, tu ne t’en souviens pas ? »

Le Pokémon Plante pris un air de pauvre créature incomprise et bondit sur le bureau pour désigner plus précisément ce qui l’intéressait. Un bâtiment inaccessible. Enfin, sur la photo en tout cas. Un bâtiment un peu imposant entouré par la mer. Apparemment, il est accessible en marée basse.

« Tu veux qu’on aille là-bas ? »

Le gecko acquiesça d’un sourire et d’un signe de tête. Léo sourit également, indiquant son accord. Cela l’intéressait aussi, c’était un enfant après tout, et Nano était également un grand curieux. Bref, c’est parti pour le fort.


Il faisait un beau temps, et la vue de la mer donnait un ressenti agréable, on avait envie d’y mettre les pieds. Mais ils n’étaient pas là pour ça.
Effectivement, le fort semblait accessible pour le moment, un chemin rocailleux reliait la plage à celui-ci. Il s’y aventura donc, aux côtés de son compagnon de curiosité ainsi que Kelvin. Ce fort était quand même imposant, des tours en coin et aussi au milieu, mais malgré tout ça avait l’air être serré à l’intérieur. L’Élekid s’avança un peu plus, pressé de voir à quoi ça ressemblait à l’intérieur. Léo suivi avec un air serein, jusqu’à ce qu’il remarque une aura bleutée entourer son Pokémon.

« Kelvin ! »

Le Pokémon Électrik se regardait lui-même alors qu’il commençait à flotter. Il agita instinctivement les bras, comme si ça changerait quelque chose. Celui-ci fut ensuite propulsé plus loin dans le fort. Léo se mit à courir dans sa direction, main levée à l’horizontale, avec Nano sur son épaule. Il semblait avoir percuté quelqu’un, ouch… Il se pressa de le rejoindre.
Kelvin se releva, tout comme ce garçon qui se l’était pris dans l’estomac. Il ne semblait pas avoir bien digéré cet impact. Léo prit une mine gênée, désolée.

« Je suis désolé, ce n’était pas son intention. Il y a quelque chose qui l’a levé et l’a envoyé sur toi… »

Difficile d'expliquer ça de manière crédible. Ça pouvait paraitre un peu comme « Excusez-le, il ne sait pas ce qu’il fait » ou « Ce n’est pas de sa faute, il a eu une vie difficile ». Maintenant qu’il y pensait, cette aura lui était familière. C’était la même qui se dessine lorsque Coperny utilise une attaque Choc Mental.

« Je ne suis pas sûr mais je pense que c’est l’œuvre d’un Pokémon Psy… Ça va ? Pas trop de mal ?  »

Au moment où leur interlocuteur affirma que Kelvin semblait aussi sonné, ce dernier fit mine de n'avoir rien senti.
Il était accompagné d'un équidé, il en avait déjà vu un semblable. Oui voilà, Eleven en avait également un. Mais il n'avait pas eu le temps de sortir le Pokédex la dernière fois. Mh... ok, il s'agissait donc d'un Galopa. Celui-ci s'approchait de Nano, qui prit une mine un peu embêtée, même inquiétée. Peut-être juste parce qu'il y avait un Pokémon Feu dont la bouche était à 20 cm de lui, ça pouvait se comprendre. Visiblement, il rappelait quelqu'un d'autre à ce Pokémon et son compagnon, mais Léo ne suivait absolument pas l'histoire.

Puis subitement, un petit Pokémon gris apparut. Le première chose qu'on remarquait en le voyant, c'était ses yeux tout ronds, qui étaient très perturbants.

* Cinq joueurs. Deux humains et trois Pokémon. C’est un bon nombre. Veuillez me suivre afin que l’aventure commence. *

Qu'est-ce que... dans quoi ils s'engageaient là ?
On lui avait parlé par télépathie, ça semblait bien être un Pokémon Psy, le responsable de l'incident précédent probablement. Ce n'était pas la première fois qu'on lui parlait de cette façon, mais cela procurait toujours une sensation étrange. Il le suivit, comme l'autre garçon, non sans demander de nouvelles informations au Pokédex.

« Psystigri, le Pokémon Retenue. Il a quelques difficultés à contrôler son pouvoir psychique. Grâce à celui-ci, il peut projeter en l'air tous les objets dans un rayon de 100 mètres. »

Mouais ben qu'il fasse gaffe quand même.

« Non effectivement, je ne l'ai jamais croisé. »

Enfin, maintenant qu'il avait demandé des informations au Pokédex, il l'avait peut-être compris lui-même. Par contre, quelque chose commençait à l'embêter.

« Je n'ai que 12 ans, inutile de me vouvoyer ! »

Il voyait toujours le vouvoiement comme une distance entre deux personnes. Avec un professeur c'est normal. Là il n'est pas adulte non plus, et ils sont maintenant partenaires de galère. Une distance semblait inappropriée dans cette situation. Aussi, Léo se sentait gêné de l'avoir tutoyé tout à l'heure, pour que lui le vouvoie.
Suivre un Pokémon comme ça sans le connaître, ça pouvait faire peur, mais ils étaient là par envie d'aventure justement, alors pourquoi pas.

Ils arrivèrent dans une salle tristement vide, où ils étaient entourés de paroi en pierre. La pièce n'était éclairée que par un rayon de soleil qui parvenait à s'infiltrer par une petite ouverture. Le Pokémon Psy commença par poser une énigme. On se croirait dans un jeu à échelle réelle...

* Je suis un élément vital. Sans lui, vous ne pourrez exister, mais si vous m'approchez, vous mourrez. Qui suis-je ? *

Facile, l'oxygène !... Attends, on meurt si on le touche ? Nan ce n'était pas l'oxygène.
Qu'est-ce qui est vital pour nous ? Pour vivre on doit respirer. On doit avoir un cœur et un cerveau en état de marche, mais l'idée de s'en approcher paraissait étrange. Utilisons les cours de science pour prendre un exemple. Les plantes ça fonctionne comment ? Ça a besoin de nutriments, et d'eau. En gros, de manger et de boire. Mais vu qu'on doit les ingurgiter, ce n'est pas ça qui peut nous faire mourir, ce serait paradoxal. Mais ça ne suffit pas à la croissance, il y a autre chose. Léo tournait la tête en regardant la brèche avec un petit sourire. Pour grandir, elles ont besoin de lumière, du soleil, c'est ainsi que marche la photosynthèse. Il faisait bien de squatter les cours des chercheurs. Puis si on retire le soleil là maintenant tout de suite, la gravité exercée sur la planète s'envolerait, et elle dériverait dans l'espace. Plus de lumière, et les températures deviendraient abominablement basses, non propices à une quelconque forme de vie.

« C'est le soleil. Tous les êtres vivants ont besoin de lui pour exister, mais si on s'en approche, on brûlerait rapidement. »

* C'est une bonne réponse. *

Léo était tout content d'avoir réussi, mais il ne devait pas se reposer sur ses lauriers. Les yeux du Psystigri se mirent à briller, puis une pierre à la forme plutôt triangulaire se souleva. Il semblait s'en servir pour gribouiller quelque chose sur le mur. Le grincement ainsi créé était peu agréable à l'oreille, mais restait supportable. Quelques traits représentant un pont, puis d'un côté plusieurs personnages. Deux plus grands que les autres, un plus petit, un encore plus petit avec une queue, et un quadrupède. Le dessin était fait sans détail, tout était constitué de trait et de cercle. Le Psystigri enchaîna sur une seconde énigme, avec une voix encore une fois plutôt monotone.

* Vous devez traverser un pont plutôt fragile en pleine nuit noire. Vous devez forcément traverser en compagnie de Mylopi, qui vous éclairera. Chacun de vous aura une vitesse maximale. Raida aura besoin d'1 minute pour traverser le pont. Léo en aura besoin de 2, Kelvin de 5, et Nano de 10. *

Ces deux derniers prirent un air vexé en entendant ça. Léo leur adressa la parole à voix basse, un peu lassé.

« On s'en fiche, c'est pour l'énoncé de l'énigme. Vous savez bien que c'est pas vrai alors pourquoi vous tirez cette tête ? »

* Le pont est fragile. En plus de Mylopi, il ne peut accueillir que 2 autres personnes. Mylopi est considérée comme assez rapide pour s'adapter à toutes les vitesses, mais ne peut pas se déplacer seule. De plus, le pont s'effondrera après 17 minutes, vous devez tous avoir rejoint l'autre côté avant que cela n'arrive. Comment vous vous y prenez ? *

Bon en tout cas, avec cet énoncé, les présentations avaient été faites. Léo n'aimait pas l'idée qu'on lise dans ses pensées, c'est quelque chose de personnel. Mais passons.
Le jeune garçon croisa les bras et se mit à réfléchir à la solution de ce problème.

Spoiler:

Nouvelle énigme, avec un peu de mathématique cette fois.
La première fois qu’on entend cette énigme, on aurait tendance à tester naïvement de faire traverser tous les personnages en compagnie de Raida, qui est le plus rapide des quatre. 2 + 1 + 5 + 1 + 10 = 19 minutes. L’énigme n’aurait pas raison d’exister si cette solution était la bonne.
Léo se grattait la tête, par quoi commencer… ? Raida semblait réfléchir aussi, avec du papier. Ce n’était pas une mauvaise idée, mais lui il n’avait pas ça sur lui.

Bon, réfléchissons sans essayer bêtement toutes les possibilités à la suite. Partons de Nano, qui fait le trajet en 10 minutes. S’il part avec Kelvin, et que Kelvin revient, on est déjà à 15 minutes, et il n’y aura qu’une seule personne du bon côté. En fait, quel que soit la configuration, si les deux font un trajet séparément, on a déjà 15 minutes d’utilisées. Avec ce qu’il reste, peut-il trouver l’occasion d’être de l’autre côté avec Raida ? Si on reprend cet exemple et que Kelvin revient, il devra encore aller de l’autre côté, et on reperd 5 minutes, et on aura dépassé le temps. Il y a techniquement le temps pour Nano de ne faire qu’un trajet. Et Kelvin peut en faire trois, mais dans ce cas, Nano ne pourrait pas traverser. Donc il ne peut en faire que deux au maximum.
Déjà, on est sûr qu’on ne peut pas commencer avec Kelvin et Nano en même temps. Commençons par… Léo et Kelvin tiens. 5 minutes. Léo revient, 7 minutes…. Il y a tout juste le temps de ramener Nano, et il sera déjà trop tard. Si on commence par Raida… non on avait déjà testé avant, on ne peut pas se contenter de faire toujours passer Raida de gauche à droite, en alternant son accompagnateur. Il y avait forcément un trajet un peu plus inattendu à faire.

Revenons sur la piste des trajets séparés de Kelvin et Nano. S’ils font au moins un trajet séparément, on disait qu’on n’avait plus que 2 minutes. Si on les amène séparément, et qu’on compte le temps de retour de Raida, puis du trajet avec Léo, on est à cours de temps… Peut-on les faire traverser ensemble du coup ? S’ils traversent ensemble, Kelvin va devoir faire le retour pour ramener Mylopi. À moins que… Et s’il y avait déjà quelqu’un de l’autre côté du pont ? Quelqu’un qui n’est ni Nano, ni Kelvin, admettons que ce soit Raida. Pour être là-bas, il devrait déjà avoir traversé, et avec aucun de ces deux Pokémon. Léo se dessinait la situation dans la tête et imaginait la condition pour arriver à cette situation, puis décocha un sourire satisfait. Il énonça sa réponse en montrant les doigts de sa main pour le compte des minutes.

« Je traverse avec Raida. 2 minutes. J’accompagne Mylopi pour son retour. 4 minutes. Kelvin et Nano rejoignent l’autre côté, 14 minutes… Raida revient vers moi 15 minutes, et on repart : 17 minutes ! Le compte est bon ! »

* En effet, c’est une bonne réponse. *

Le jeune garçon se frotta le dessous de son nez, non peu fier.

« Héhé… »

À côté, Kelvin et Nano tiraient toujours la tronche, n’ayant pas apprécié l’énoncé de l’énigme.

* Vous avez réussi la première épreuve, félicitations. Veuillez me suivre pour la suite des événements. *

Léo fut calmé d’un coup. C’est vrai que ce n’était que la première… Il ne fallait pas se reposer sur ses lauriers, qui sait ce qui les attendent par la suite.