♦ Son cœur battait à la chamade, des portes défilèrent lentement sous son regard, au rythme d’une marche non assurée dans ses lieux inconnus et spacieux. Elle pouvait également constater la propreté de cet établissement, ainsi que sa clarté. Vu de l’intérieur, l’ambiance paraissait moins austère, et parvint à détendre la jeune femme, soutenu de son petit Mentali, qui ne cessait de se frotter à ses jambes, comme pour lui rappeler sans cesse « Regarde, je suis là ! ». Parfois même, elle s’amusait à mordiller les jambes de sa maîtresse, pour jouer, ce qui lui a fallu de jeter de nombreuses paires de collant à la poubelle, à cause des petits trous causés par les crocs d’un Mentali aussi dérangée que sa propriétaire. Le frottement de la fourrure violette du pokemon contre ses mollets la chatouillait quelque peu, elle du encore ralentir la marche pour ne pas perdre l’équilibre, s’étaler de tout son long sur le sol, et essaya en vain de la chasser en la grognant tout doucement, sur le ton de la plaisanterie, sachant pertinemment que ce n’est pas ça qui fera cesser ce fléau de câlins infernal, qui continuera d’attaquer sans relâche, pour détendre définitivement l’ambiance pesante et silencieuse qui régnait. Kelly finit par céder au caprice de son pokemon, encore une fois, s’arrêta quelques instants pour se pencher au niveau du museau du Mentali, approchant son nez de sa truffe froide et humide, tandis que sa main caressait la tête au pelage violet, le pokemon frotta sa frimousse contre celle de Kelly, qui « mangea » quelques poils perdus, pour son plus grand déplaisir. S’essuyant du revers de sa manche, en y déposant au passage également quelques poils violets, elle se redressa pour continuer sa route. Peut être finira-t-elle par trouver quelqu’un, et peut être même le bureau du directeur ? Tête en l’air qu’elle était, elle avait omni de se renseigner sur le « comité d’accueil ». Ou bien ne l’avait-on pas prévenue simplement car il n’y en avait pas ? Elle secoua la tête. C’était quasiment impossible, il fallait bien qu’au moins quelqu’un lui donne les clefs du bureau de CPE. Du moins c’est ce qu’elle pensait, qu’elle se réconfortait dans sa « solitude ».

♦ Reprenant sa marche, toujours lente, arpentant les couloirs vides, la curiosité vint la frapper aussi violement que se recevoir une table en pleine figure. Elle se demandait bien combien de salles comptait l’établissement au total, s’interrogeait sur les activités ou les matières proposées, imaginait à quoi pouvait ressembler une réunion de personnel enseignant ou pensait à ce que pouvait être la fameuse salle de repos des professeurs. Toutes sortes d’agitations qui troublèrent quelques instant le Mentali qui essaya tant bien mal de faire redescendre sur Terre sa maîtresse qui partait toujours trop vite au quart de tour lorsqu’elle était lancée à corps perdu dans un sujet qu’elle ne connaissait pas, s’imaginant trop souvent des choses farfelues malgré la simplicité réelle des choses en fin de compte. Mais rien à faire, sa maîtresse était aussi pile électrique qu’une gamine. Ce qu’elle était encore complètement. Oui, à son âge. Bonne ou mauvaise chose ?

♦ Interrompue dans sa rêverie soudainement, son ouïe relativement fine lui permit de détecter un bruit familier. Un bruit de pas. Venait-il de s’accélérer ? Est-ce qu’il est en train de se rapprocher ? Afin d’en avoir le cœur net, elle se tourna vers la source de ce bruit, et constata que son ouïe ne l’avait pas trompé. Un jeune homme se dirigeait vers elle, une mine radieuse sur son visage. Ou peut être était-ce le soleil qui lui donnait un air si rayonnant. Dans tous les cas, il arborait un sourire charmant.

- Excusez-moi, vous êtes bien madame Kelly Oak ? On m’a demandé de vous faire visiter les lieux. Je m’appelle Akira Takahashi, enchanté.

♦ Il lui tendit la main, qu’elle prit avec entrain pour la secouer chaleureusement, avec un sourire à faire pâlir le soleil, une joie de vivre peut être un peu trop débordante pour la simplicité de la situation. Elle avait finalement donc droit à son comité d’accueil. Certes petit mais tout de même présent. Le « madame » lui paraissait néanmoins sévère, non seulement car c’était encore qu’une jeune demoiselle, mais surtout qu’elle voulait déjà installer entre eux une ambiance plus détendue. S’ils allaient devenir collègues, les occasions de se croiser risquent d’être fréquentes, il fallait donc mieux commencer avec une atmosphère sereine, amicale.

- Enchantée moi de même, je suis bien Kelly. Je suis la nouvelle CPE de l’établissement.

♦ Bien qu’il devait être sûrement déjà au courant de cette information, comme il était en charge de l’accueillir, elle préféra tout de même éclaircir de point, histoire de ne pas revenir dessus, à moins que le jeune homme ne souhaite en apprendre davantage, poussé par la curiosité ou autres motivations. Toujours souriante, elle finit par desserrer la main, interrompre ce premier contact physique. Son regard se tourna vers ses pieds, attiré par son petit pokemon qui restait comme immobile sur place, son regard pétillant observant scrupuleusement cette personne qui lui était étrangère, en remuant légèrement le bout de sa queue. Espérait-elle trouver en cet inconnu un nouveau camarade de jeu, ou une nouvelle source de câlin ? Comme si Kelly ne la comblait pas suffisamment de tendresse, toujours constamment à la recherche de quelqu’un pour se faire cajoler, sans le moindre remords. Cette boule de poil… D’un côté c’était ce qui la rendait si attachante. Toutefois, parfois un peu invasive, quand elle réclame de l’attention, une caresse. Quel pot de colle.

*Je te rappelle que j’entends tout ce que tu penses*

♦ Face à cette réaction surprenante, inattendue, Kelly ne pu s’empêcher de pousser un petit rire amusé, tout en se baissant au niveau de Mentali. Elle posa sa main sur la douce fourrure pastel qui recouvrait la tête du pokemon, et la caressa tendrement, tandis que la petite boule de poil se frottait tendrement contre la main,  redoublant d’effort pour obtenir encore plus de caresses. Toutefois, se ressaisissant bien vite, Kelly se releva, et remis ses vêtements convenablement, avant de se tourner vers Akira, qu’elle s’imaginait perdu face à ce comportement qui pouvait paraitre étrange.

- Excusez-moi, nous avons un lien télépathique important entre nous.

♦ Suite à ça, Kelly remarqua le petit monstre, soit dit en passant qui n’avait rien de petit, qui accompagnait le jeune homme. Une bien mignonne bestiole rondouillarde qu’elle n’avait encore jamais vu auparavant, car elle n’avait jamais beaucoup voyagé dans sa vie. Devra-t-elle sans doute s’habituer à rencontrer de nombreuses nouvelles espèces de pokemons, une fois à l’Académie. Sans s’en rendre compte, elle pensa haut et fort à quel point la bestiole était mignonne, ce qui attisa la jalousie du Mentali qui fit une petite mine boudeuse.

- Alors, par où commençons-nous la visite ? J’ai hâte de découvrir les lieux.

♦ Une espèce de reptile blanc et vert, avec un chapeau de champignon sur la tête poussa un petit cri des plus adorable, touché par le compliment sincère spontanée prononcé par la jeune femme. Il avait l'air très doux, affectueux, et malgré sa taille savait se faire relativement discret, une qualité importante à ne pas négliger, surtout si le pokemon se promène dans l'Académie. Après tout, ils ne devaient pas apprécier les pokémons trop bruyants ou instables. Ils devaient être un minimum dressés pour vivre dans un espace communautaire, et il semblait à la jeune femme qu'il y existait même une règle de l'Académie interdisant la sortie des pokémons n'ayant pas une taille réglementaire. Il fallait qu'elle relise encore le règlement, ne se souvenant plus de la taille maximum que pouvait atteindre les monstres de poche pour pouvoir se promener librement avec leur maître.

♦ D'un geste de la main, Akira l'invita à la suivre, commencer enfin la visite pour découvrir l'école dans sa globalité et ses environs, espérant au fond d'elle qu'elle retiendrait rapidement les points importants, histoires de ne pas se perdre bêtement au détour d'un chemin, une fois Akira partit. Souhaitant d'abord débuter par l'étage, c'est sans hésitations ou sans protestations qu''il s'y rendirent tranquillement, n'ayant heureusement aucune raison de se presser. Les escaliers empruntés, il pouvait commencer la visité guidée, Kelly l'écoutant attentivement, du moins quand son esprit ne décidait de se dire "oh tient, regarde là bas, y'a rien du tout!" ou que la fatigue semblait déconnecter son cerveau et sa concentration, le temps d'un instant, le regard perdu dans le vide, avant de se ressaisir, sous le regard amusé d'Akira. Le premier étage terminé, ils s'apprêtaient à redescendre, s'emmêlant on ne sait trop comment ni pourquoi les jambes, son pied glissa sur le carrelage froid, et manqua maladroitement de tomber, si elle n'avait pas eu le réflexe salvateur de se raccrocher à la rampe d'escalier, pendant que ces jambes avaient décidés de ce barrer à Ibiza. Encore tremblante, dû à l'adrénaline libérée durant ce court laps de temps, elle se redressa prestement, gênée d'avoir été si maladroite, en riant légèrement, pour essayer de se détendre. Son Mentali secoua la tête de droite à gauche, harassé du comportement de sa maîtresse, et de son manque cruel de style et de grâce. Cet incident passé, la visite se déroula sans aucun autre accroc, Akira résumant parfaitement les lieux clefs de l'Académie, insistant davantage sur ceux qui étaient importants à retenir notamment, ce qui paraissait logique.

♦ Retour au point de départ, les pensées se bousculèrent dans sa tête, déjà pleine d'informations nouvelles qu'il fallait rapidement assimiler, l'aspect global de l'Académie et son plan. Quelques heures s'étaient sans doute écoulées, elle avait déjà bien retenue son bienfaiteur, mais hésitait tout de même grandement à déjà le laisser partir. C'était très gentil de sa part d'avoir accepté de l'accompagner pour la visite, mais en fin de compte, il n'avait fait que parler de l’Académie, de ses fonctionnalités, ni plus ni moins, sans évoquer d'autres sujets. En effet, ce n'était peut être pas le moment, mais il est vrai qu'elle voulu en savoir un peu plus sur cet Akira, comme sa fonction à lui dans cet établissement, des informations banales pour commencer, par curiosité, en espérant qu'il n'était pas juste trop timide ou ne souhaitait pas couper court à tout cela. Elle commença alors à lui parler, sans se rendre compte d'abord qu'elle utilisait le vouvoient naturellement, avant de ce stopper en riant. Il est vrai qu'il avait commencé à la tutoyer, ce qui l'avait d'abord étonné avant de lui faire plaisir, car elle avait la sensation que le courant passait bien. C'est pour cela qu'elle reprit sa phrase, en faisait cette fois-ci attention aux mots qu'elle employait.  

- Et toi Akira ? Quel est ton rôle à l'Académie ? Ce n'est pas trop dur ?

♦ Dans la croyance populaire, il est souvent dit que la curiosité est un vilain défaut. Mais la curiosité n'avait-elle pas permit à l'Humanité d'avancer pour en arriver là où elle est aujourd'hui, et ce qui la motive encore et toujours à continuer de se projeter dans l'avenir ? La recherche, la découverte, toutes ses passions qui ravivent le cœur des hommes et des femmes, qui sans la curiosité seraient restés au fin fond de ces grottes, à ne côtoyer que les ombres, sans les toucher ni les comprendre, les observant de loin, sans en saisir la nature profonde, des chimères informes, étranges et sans identités. Que se serait-il passé si l'un d'autre eux n'avait jamais osé foulé le sol à l'extérieur de cette sombre caverne, inonder son corps pour la toute première fois d'une lumière aveuglante qui provenait, ne le savait-il pas encore, de l'astre solaire brûlant à des millions de kilomètres, que l'on croyait auparavant au centre de l'univers, avant de se rendre compte petit à petit de notre place et de la taille insondable de l'espace. Que serions-nous aujourd'hui, si la curiosité ne nous avait pas poussé à aller au devant de l'inconnu, un plongeons dans les abysses profondes, animé par le désir puissant et ardent contre la soif insatiable de la connaissance, récompensé par des choses pouvant être aussi magnifiques qu'effrayantes. Des inventions faisait frémir d'horreur ou d'admiration. La recherche de la nouveauté n'a de cesse de pousser les humains vers l'avant, ou vers leur déchéance. Certains secrets feraient mieux de ne jamais être dévoilés, à jamais leur innocence conserver dans les rêves et les fantasmes.

♦ La curiosité, une qualité ou un défaut donc qui dominait grandement l'être qu'était Kelly Oak. Si certes, la science, n'était pas le domaine de prédilection de sa source d'intérêt, souvent elle s'étonnait à se questionner sur ce qui l'entourait au quotidien, et prenait plaisir à redécouvrir le monde dans lequel elle vivait, avec à la fois un regard d'enfant, brillants, s'imaginant un monde sans faille où tout est possible, et un regard d'adulte, plus posé, réfléchis, ouvert à l'inconnu et aux débats. Toutefois, le sujet qui l’intéressait à cet instant n'était qu'autre qu'en apprendre davantage sur son collègue, Akira Takahashi, sur lequel les questions se bousculaient dans sa petit tête rouquine, qu'elle évita prudemment de tout balancer à la volé, de peur de faire fuir le pauvre jeune homme qui se sentirait agressé, et par une certaine politesse. D'ailleurs, tient, il avait l'air jeune, elle se demandait bien quel âge il avait. Ah ! Mais pas le temps de ce concentrer sur de telles inepties, voyons !  Une question posée attendait déjà une réponse, pour combler quelque peu sa curiosité, le temps d'écouter attentivement, avec des yeux scintillants, son rôle dans cette Académie. Hum, surveillant de nuit... Mis à part peut être tôt dans la matinée ou en sortant du travail, les chances de se recroiser paraissaient minces, à moins d'un puissant Deus Ex Machina qui renverseraient toutes les probabilités. Oh, après tout, cela serait peut être plus plaisant de se retrouver au hasard du destin, qu'à chaque tournant de couloir, même si cela resterai un plaisir que de le revoir. Or, les employés travaillant de nuit avait un tout autre mode de vie, auquel même Akira semblait avoir des difficultés, le cycle du sommeil capricieux n'appréciant pas qu'on le brise, parvient toujours à faire subir son courroux sur ceux qui lui "désobéissent". En y réfléchissant, si ce soir aussi il avait une surveillance... Le pauvre, dans quel état il se retrouvera, ayant dû perdre son précieux temps de sommeil pour aider une petite nouvelle à visiter les lieux ? Elle se mordit discrètement l'intérieur des joues, quelque peu honteuse, s'imaginant déjà Akira mort de fatigue lors de sa ronde nocturne.  

- T’as des raisons particulières pour être venu ici ? Si ce n’est pas indiscret bien sur.

♦ Kelly commença à ouvrir les lèvres, répondre tranquillement à la question, avant de se ressaisir, en clignant plusieurs fois des yeux. Voyons, elle ne pouvait pas répondre ainsi du tac au tac, elle devait d'abord réfléchir un temps soit peu à ses phrases, sinon elle allait se perdre, s'emmêler les pinceaux, comme il lui arrive bien souvent, prenant évidemment le temps de refermer sa bouche, ne voulant pas vraiment ressembler bêtement à un Magicarpe amorphe sous ecstasy. Sa question n'avait rien d'indiscret, et commença à y répondre finalement avec un grand sourire sincère. Ses motivations ? Aider les élèves, ces enfants encore plus ou moins jeunes, à ce préparer pour l'avenir, et devenir des adultes responsables. Bon, ce n'était peut être pas le métier de CPE qu'elle aurait dû choisir pour les encadrer au mieux, mais elle savait à quel point, qu'en plus du personnel enseignant, il était important dans le cadre scolaire que les élèves aient des figures de références autres, en plus des professeurs, pour les aider, pour se sentir écouté, surtout au niveau de l'administration. Si certains élèves pouvaient faire preuve d'une grande maturité, d'autres avaient besoin, même sans le savoir, d'un encadrement plus particulier. C'est ce qui la motivait, et la faisait se lever le matin avec un grand plaisir. Une fois son "discours" terminé, les questions commençaient à affluer pour être posée les premières, tels des jeunes se bousculant à l'entrée d'un self bondé.

- Ça fait longtemps que tu travailles à l'Académie ? Tu as quel âge ? Tu faisais autre chose avant d'arriver ?


♦ Poussant un petit rire de gêne, elle se redit compte de l'absurdité de l'ordre dans laquelle elle venait de poser ces questions, et surtout de la rafale qu'elle venait de lancer. De toute façon, elle ne le forçait pas à répondre, avec un couteau sous la gorge, il était libre.

♦ La mine radieuse, un petit sourire sur ses lèvres rosées, Kelly écoutait attentivement le récit d'Akira, qui répondait sans ce faire prier à toutes ses interrogations, sans y avoir été forcé également, c'eut été gênant. Bon ... Après c'est vrai qu'en cas de curiosité insatisfaite elle avait un peu trop tendance à insister pour en savoir plus, ce qui agaçait souvent ceux avec qui elle parlait. Souvent elle ne se rendait pas compte que son comportement était gênant et continuait sur cette lancée. Bon, avec Akira, elle n'avait pas encore posée de questions trop indiscrètes ou trop privées, donc pas besoin de trop forcer pour obtenir des réponses. Enfin, cela aurait été inappropriés de demander des choses intimes, non seulement parce qu'ils ne se connaissent pas encore très bien, et parce qu'ils étaient collègues. Toutefois, être collègues ne signifiaient pas se fermer à toutes interactions sociales, bien sûr.

♦ Quand il se mit à parler de Johto, de doux souvenirs envahirent l'esprit de la jeune femme, ceux de l'époque où elle vivait encore à Doublonville, immense lieu assez touristique et incontournable avec sa Tour Radio et son casino. Non loin de la ville de Rosalia, avec sa célèbre histoire des Tours qui abritaient deux pokémons légendaires, dont on raconte que l'un était si grand qu'il provoquait une éclipse en passant devant le soleil, et que ses plumes arc en ciel brillaient de mille feu. Néanmoins tout ceci n'était que pure spéculation, personne n'avait jamais vu de ses propres yeux ce fameux pokemon mythique. En tout cas, elle ne l'avait jamais ne serait-ce qu'aperçu. Il doit être d'une beauté phénoménale. Peut être qu'Akira aura l'occasion de le croiser, ce qui pourrait être formidable pour le jeune homme.

♦ Tandis qu'ils continuaient de discuter, la sonnerie tonitruante et salvatrices libéra un flot d'élèves qui se ruèrent à l'extérieur, profiter d'un moment de pause entre les cours pour se dégourdir les jambes et prendre l'air avec leur pokemon, ou continuaient à flâner dans les couloirs. Certains disaient bonjour, à Akira ou au deux adultes, d'autres passaient à côté sans ce soucier, et d'autres encore observaient la scène du coin de l’œil, curieux de voir le surveillant de nuit s'entretenir avec une femme qu'ils n'avaient jamais vu, s'imaginant que c'était une inspectrice ou autre chose, des idées plus ou moins farfelues ou logiques, selon leurs pensées. La place relativement calme auparavant était maintenant devenue le théâtre d'un boucan habituel dans un établissement scolaire. Sans doute pour échapper à cette invasion sonore, Akira suggéra de quitter les lieux pour se rendre au secrétariat, afin de compléter son arrivée. Kelly acquiesça, en souriant. De toute évidence, il était clair que ces petites, enfin plus ou moins petites, têtes blondes faisaient un sacré grabuge, multiplier en plus avec la présence de leurs pokemons qui n'hésitaient pas à en rajouter une couche. Enfin, qu'ils profitent un peu de la vie, de leur jeunesse avant qu'il ne soit trop tard. Hein ? Venait-elle à l'instant de penser comme une personne "âgée" ? Elle secoua légèrement la tête, en riant doucement.

♦ Les bavardages continuèrent jusqu'au bureau, où Akira récupéra les fameuses clefs qui lui seront utiles pour tous les jours presque, dorénavant. Leur tintement métallique était plaisant à entendre. Il y avait tout ce dont elle pourrait avoir besoin : clef du bureau du CPE, clef de la porte arrière de l'école, l'entrée des professeurs, si jamais elle venait à arriver avant tout le reste de l'équipe enseignante ou administrative, et une espèce de passe-partout des salles de classes, en cas de problèmes. Un petit trousseau en métal gris, sobre, triste à en mourir. Il fallait absolument y accrocher quelques porte-clef plus ou moins mignons, par esthétisme et plaisir. Les prenant d'une main assurée, elle remercia Akira, puis les glissa dans son sac, jetant un oeil au passage à la peluche qui l'accompagnait toujours, où qu'elle aille. Oui, une peluche. A 24 ans.

♦ Eh bien... Le tour de l'école terminé, les clefs remit en main propre... Il ne restait plus grand chose à voir, désormais. Elle jeta un œil à Akira. Elle ne voulait pas non plus l'obliger à rester plus longtemps, l'imaginant complètement mort pour son travail de nuit. Bon, il ne devait pas non plus y avoir trop d'agitation la nuit, mais il fallait tout de même veiller au bon respect des règlements, même le soir, surtout en présence d'enfants avec des pokemons plus ou moins turbulents, c'était une charge supplémentaire. C'est pour cela, que tout naturellement, elle s'inquiéta pour Akira.

- Merci pour tout. Peut être souhaiterais-tu prendre congé pour te reposer avant ce soir ?

♦ Elle préféra lui laisser librement le choix, ils pouvaient continuer à discuter de tout et rien ou lui permettre de partir se reposer, sa mission accomplie, sachant de toute façon qu'elle ne le retenait pas vraiment non plus.

Akira opta pour se retirer, passer un peu de temps tranquille, au calme, avant que ne sonne le glas de la difficile et douloureuse reprise du travail. La nuit promettait d'être longue, espérons qu'il ne finisse pas par s'endormir misérablement sur le carrelage, réveillé brutalement le lendemain matin par les concierges ou par les premiers arrivés à l'Académie. Soit, cela aurait pu être assez comique comme scène, bien qu’embarrassante pour le principal concerné. Bon, dans certaines régions, parait-il, il est bien vu de s'endormir au travail, cela signifiait que l'employé avait fait preuve d'un tel labeur qu'il en était tombé d'épuisement, tel un courageux soldat mort au combat. Enfin ... C'eut été surprenant que cela soit vu d'un bon oeil cette curieuse pratique ici, que ce soit un surveillant de nuit ou qui que ce soit d'autre travaillant à l'Académie. D'ailleurs, en parlant de repos, Mentali s'étira de tout son long, en lâchant un bâillement à s'en décrocher la mâchoire, avant d'entamer une petite toilette. "Pauvre petite Mentali", ce devait être dur de ne pas avoir pu dormir de la journée, comme à l'accoutumée, n'est-ce pas ? Mentali lui lança alors un regard noir lourd de sens, avant de lui tourner le dos comme une vieille bourgeoise hautaine vexée, reprenant le lustrage de ses poils, en boudant. Une vraie chipie quand elle le voulait, celle la. Kelly secoua légèrement sa tête, faisant virevolter quelques mèches rouges rebelles, puis fut prise d'une irrésistible envie de bailler. Etait-il si tard que ça ? Il faut dire que la journée fut mouvementée. Ce fut agréable de découvrir l'établissement dans son ensemble, il était immense, idéal pour accueillir autant d'étudiants et leurs pokemons. Les infrastructures ne semblaient pas si anciennes, ou simplement bien restaurées ou bien entretenues. Un établissement ne tombant pas en décrépitude, quoi de plus plaisant pour ceux y passant une bonne partie de leur journée ?

Le surveillant proposa d'échanger leur numéro de téléphone portable, ce qui la surpris d'abord, avant d’acquiescer. Au moins, en cas de pépins, elle saurait immédiatement vers qui se tourner, ou simplement, pourquoi pas, converser entre collègue, et même en simple connaissance ? Prenant son téléphone tactile rangé dans son sac à main, elle tapota brièvement sur l'écran afin d'entrer dans ses contacts le numéro de son collègue. Une fois enregistré, elle regarda rapidement son répertoire, un sentiment de nostalgie la traversant en passant ses yeux sur certains noms. Il fallait qu'elle donne des nouvelles à bon nombre d'entre eux, leur raconter son nouveau départ dans une ville qu'elle ne connaissait pas encore. C'est avec quelques derniers échanges sympathiques et enjoués qu'Akira reparti, laissant Kelly seule avec son Mentali qui avait cessé de faire la moue. Elles se regardèrent mutuellement : que faire dorénavant ? Se laisser tenter par la curiosité et découvrir dès maintenant le bureau où elle travaillerais prochainement, ou tourner les talons pour rentrer se relaxer ? La deuxième proposition était terriblement séduisante, néanmoins la première fut plus raisonnable. Oreilles baissées, déçue, Mentali dû se résoudre à suivre sa propriétaire, en traînant les pattes, montrant à maintes reprises son exaspération. Son panier lui manquait. Elle désirait se vautrer dedans. Arrivées à la porte, il fallait désormais trouver la bonne clef parmi toutes celles accrochées au trousseau. Elle commença donc à en tester une première, sans le succès qu'elle escomptait. Puis une deuxième. Kelly s'imaginait déjà devoir toutes les essayer avant de trouver la bonne. Mais miracle, la troisième ouvrit la fameuse porte, découvrant une pièce tout à fait classique, avec une grande fenêtre pour accueillir le plus de lumière naturelle possible, des armoires remplies de fournitures et de dossiers et forcément le plus important, l'élément central, le bureau, encore vide, où elle voyait d'avance s'étaler tout son bazar, en posant une main dessus. D'un bond, Mentali grimpa sur le meuble en question, pour regarder sa maitresse. Oui, bon. Inutile de s'éterniser plus longtemps ici, elle n'avait pas tort. S'assurant d'avoir bien refermé la pièce, elle quitta les lieux, y jetant un dernier regard une fois à l'extérieur, hâte de prendre ses nouvelles fonctions. Enfin, elle prit la direction de son appartement, Mentali gambadant joyeusement près d'elle, comme emplie d'une énergie aussi nouvelle que soudaine. La faim commença à ronger la jeune femme, dont le ventre gargouillait déjà. Toutefois, la fainéantise ajouta son grain de sel, son appartement pas encore entièrement aménagé, des cartons trainant partout, l'envie de cuisiner lui faisait défaut ces derniers temps. Elle posa ses yeux sur Mentali.

- Pizza ce soir, ça te dit ?

Mentali miaula joyeusement. Ce soir, elles s’empiffreraient de nourriture grasse avant de s'endormir comme des larves? Vivement l'installation finalisée, pour profiter pleinement de ce nouvel environnement....